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 La forge au moyen-age

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Ylalang
Despote Mégalo
Ylalang


Nombre de messages : 6537
Date d'inscription : 02/07/2006

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MessageSujet: La forge au moyen-age   La forge au moyen-age EmptyMar 6 Jan - 22:26

Le forgeron de cette époque était un personnage incontournable. En effet, des outils (et/ou armes)existaient dans toutes les couches de la société féodale et le forgeron était amené soit à les réparer, soit à les refaire, soit à en inventer de nouveaux.Le forgeron fabriquait des outils les plus simples (couteaux cuillères...) aux plus sophistiqués et spécialisés : du soc de charrue en passant par les haches du bûcheron, la bardiche du tonnelier, les clous du charpentier...De son atelier sortaient aussi tous les fers pour les animaux de trait et de transport et les cerclages pour les roues des chars de tous types. Il intervenait aussi dans la construction en fournissant aux maçons et tailleurs de pierre leurs outils, il fabriquait aussi les chaînages de construction qui une fois intrégrés à la maçonnerie évitaient aux murs de s'écarter et de tomber. On voit se profiler le chantier cathédral.

On pourrait citer de nombreux autres champs d'application dans lesquels le métier de forgeron intervenait, mais c'est dans les armes que l'évolution des techniques de forgeage me semble les plus révélatrices, non par des qualités de récupérations de métal, de nombreuses armes étant issues d'outils de la vie courante modifiées (vouge-soc d'araire, fauchard-faux, bardiche-plane de tonnelier...) mais par le travail de la structure de certaines armes.

Pour mieux comprendre les techniques de forgeage de cette époque prenons comme exemple l'arme par excellence: l'épée.

Dans ce qui semble être au début un simple plat à bords inclinés, les études de métallurgie ont révélé des structures entassées complexes dans les épées de fer datant de l'époque des Celtes (500 ApJC). La lame est composée de plusieurs tringles soudées, (" pattern-wedling , damas") qui courent sur sa longueur. De telles structures entassées ont obligé le forgeron, pour atteindre les propriétés désirées, à connaître empiriquement un ensemble de fers dont les propriétés divergent du fait de leurs origines et de leurs concentrations dans les différents éléments. De plus, les petites tringles devaient être carburées (augmentation de la teneur en carbone ) pour augmenter la dureté. Idéalement, l'acier (qui est un alliage de fer avec de petites quantités de carbone) était choisi pour fournir la dureté du tranchant. Cependant, lorsqu'on augmente le carbone parallèlement on accroit la fragilité. Le fer doux ou l'acier doux, plus mallèable, est alors utilisé pour le reste de la lame afin de donner la résistance à la fracture. Ainsi la construction entassée fournit un avantage : elle optimise les forces et diminue les faiblesses des pièces individuelles.

Dans les lames d'épée de " damas " faites entre le cinquième et le dixième siècle, le forgeron armurier a manipulé la structure entassée de la lame pour créer un effet décoratif. Il est à remarquer que les épées étant de moins en moins sollicitées comme arme unique et individuelle, les techniques de structures entassées semblent se perdre après le dixième siècle. Seule des incrustations à chaud seront faites à la surface des lames et on retrouvera les techniques du damas pour les canons de fusils bien plus tard dans l'histoire.

Le forgeron du moyen-âge est un personnage central de la société féodale. Mais le travail du feu avait un aspect ésotérique, magique qui en faisait un être craint et mystèrieux.
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Ylalang
Despote Mégalo
Ylalang


Nombre de messages : 6537
Date d'inscription : 02/07/2006

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MessageSujet: Re: La forge au moyen-age   La forge au moyen-age EmptyMar 6 Jan - 22:26

Le pouvoir des métallurges, en occident

La Terre est femme; comparable au ventre maternel, elle porte dans ses entrailles les métaux; ceux-ci croissent dans son sein et les mineurs procèdent à leur accouchement; les forgerons à leur tour éduquent et structurent les enfants de la Terre-Mère. Mais, fondée sur le mythe de la Terra genetrix qui forme en elle les hommes et les métaux, la tâche des "maîtres du feu" évoque aussi la transmutation alchimiste, l'initiation du néophyte, et l'ascèse de celui qui, par la sagesse, prend sa place au sein de l'harmonie cosmique.

Les métaux terrestres possèdent leur destinée propre en raison de leur lieu de naissance. Les mineurs découvrent ce que les forgerons structurent, les uns travaillent dans la nuit et les autres exercent leur labeur dans la clarté du jour. Ces opérations se succèdent: il convient de pénétrer dans le secret obscur de la terre pour faire émerger le trésor endormi qui attend ses sauveteurs (les mineurs) et ses rédempteurs (les forgerons).


La maîtrise du feu

Héraclite parle du feu toujours vivant, et l'évangile non canonique de Thomas rapporte une parole du Christ, disant: "Qui est près de moi est près du feu." Le feu est semence spirituelle; l'Esprit saint (esprit igné) est représenté sous la forme de flamme ardente; c'est lui qui rend enceinte la Vierge pure, et féconde les métaux. Son approche éveille le métal, les noces se célèbrent, l'accouchement se produit donnant accès à une dimension nouvelle.

D'après Hildegarde von Bingen, le feu éclairant transmet la puissance vivifiante: noir, il participe à l'obscurité infernale; ainsi, le forgeron pourra exercer deux pouvoirs: divin et démoniaque. "Maître du feu", il procède à l'initiation et à la transmutation des métaux considérés comme vivants. Le four est comparable à une matrice dans laquelle l'embryon se développe: les métaux ont "poussé" dans la terre; dans le fourneau, ils subissent une mutation nécessaire afin de répondre à leur vocation propre. Les dieux et les forgerons unissent leurs opérations, les uns et les autres étant les artisans de nouvelles destinées. Les armes des premiers sont l'éclair et la foudre; les hommes fabriquent leurs outils en imitant des modèles divins, participant ainsi à leur puissance démiurgique: le marteau, le soufflet, l'enclume possèdent un pouvoir sacré relevant à la fois du merveilleux et de la magie. L'ampleur du mythe du forgeron provient du rôle qu'il exerce à l'intérieur de la création, sa vocation est de la parfaire; collaborateur des dieux, il forme, renouvelle, modifie la nature en l'enrichissant. Telles les pierres, les métaux possèdent leur sexe: selon une tradition orale, le fer dur est mâle, et femelle le fer mou. Les pierres de pluie sont mâles; quand l'eau tombe avec force elle est dite masculine, car tout ce qui provient du ciel est toujours porteur de semence; par contre, l'eau coulant sur la terre est féminine. Le feu transformant les métaux est un élément divin, il recrée, purifie la matière sur laquelle il exerce son pouvoir.

Selon un conte populaire, le Christ pénètre dans une forge portant cette enseigne: "Ici demeure le maître des maîtres." Un homme conduit un cheval à ferrer. Ayant reçu l'autorisation du forgeron d'accomplir le travail, le Christ enlève successivement les pattes du cheval et les place sur l'enclume. L'opération achevée, il prend l'épouse du forgeron, puis sa belle-mère et les transforme en de belles jeunes femmes. Le forgeron veut l'imiter mais échoue dans ses tentatives. Le Christ fait renaître de leurs cendres les personnages placés inconsidérément dans le four, car il est le "maître du feu". Le maréchal-ferrant et le forgeron possèdent un pouvoir divin dans la mesure où ils sont reliés à l'Esprit; qu'ils s'en écartent, et les voici réduits à leur seule puissance humaine, toute relative et menacée de constants échecs. Les symboles des maîtres du feu - maréchal-ferrant et forgeron - sont le manteau, signe de la puissance, les pinces, le marteau et le fer à cheval.


Recueil de notes de LJD Ylalang
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